Vicky Roy,
photographe

Vicky Roy aujourd’hui âgé d’une trentaine d’années a réalisé son rêve : il est photographe professionnel. Un de ses grands thèmes est l’enfance dont il excelle à capturer la souffrance comme la légèreté et l’inventivité.

Avec des Enfants et des livres découvrez son travail avec Street Dreams, sur les enfants des rues de New Delhi et Bachpan (enfance en Hindi), illustrant les jeux de plein air des enfants défavorisés en Inde.

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Vicky Roy, l’histoire d’un enfant des rues de New Delhi devenu photographe

Il dit volontiers que sa vie dit-il ressemble à un film de Bollywood des années 70. A l’âge de 11 ans (1999), il débarque à New Delhi. Dans la grande ville indienne, il est cueilli par la misère et vit la vie des enfants des rues. Grâce à l’organisation Salaam Baalak Trust qui va le recueillir, il découvre la photographie. Son premier travail Street Dreams est consacré aux enfants des rues de Delhi.

Tu as connu la vie dans les rues de New Delhi. Quelle est ton histoire ?

Je suis né dans une famille pauvre du Bengale occidental avec six frères et sœurs. Mon père qui travaillait comme tailleur rêvait que je m’instruise. C’est pourquoi on m’a envoyé chez mes grands-parents maternels dans l’espoir qu’ils m’offrent des cours de soutien scolaire. Mauvaise expérience. Chez mes grands-parents, j’étais battu pour chaque petite erreur. À 11 ans, je me suis dit « ça suffit » et je suis parti pour New Delhi, avec 900 roupies en poche. J’ai ressenti une grande joie en arrivant dans la grande ville, mais ça n’a pas été facile. J’ai d’abord travaillé comme chiffonnier à la gare, puis comme plongeur dans un restaurant de bord de route. Et puis la chance m’a souri : j’ai été recueilli par l’ONG Salaam Baalak Trust, dont la mission est de fournir un environnement nourricier aux enfants des rues de la ville.

Comment rencontres-tu la photographie ?

Quand le « Trust » a organisé un atelier de photographie pour les enfants, j’en étais. L’homme qui a donné le cours nous a révélé qu’il était capable de voyager assez souvent grâce à son travail de photographe. En entendant cela, je suis devenu accro. Dès le début, j’ai vu la photographie comme un moyen de voyager. Après l’atelier j’étais tellement motivé que j’ai décidé de suivre un cours de photographie professionnelle sous la direction du célèbre photographe indien Anay Mann.

Street Dreams (2007)

On estime à 11 millions le nombre d’enfants abandonnés en Inde. A Delhi, ils sont 150 000 à se battre pour survivre dans le monde impitoyable de la rue. La plupart d’entre a moins de 16 ans. Chaque jour, ils sont confrontés aux démons de l’abus et de l’exploitation. Ils font face à des prédateurs qui se font passer pour des amis. Ils travaillent dur, ils ont faim, ils n’ont ni chaussures, ni vêtements, ni toit, Leur vie est un cauchemar.

Leurs yeux abritent une lueur de lumière

Pourtant, ils ne sont pas sans joie ni espoir. Ils ont des rêves qui les poussent à chercher le bonheur même dans les situations les plus misérables, Pour que ces rêves deviennent réalité, ils se battent. Ils vendent des journaux sur les feux de signalisation pendant la journée afin de pouvoir suivre des cours du soir, ils font la vaisselle dans des restaurants en bord de route afin d’offrir une vie meilleure et plus sûre à un frère, une sœur. Ils fouillent les tas d’ordures pour gagner assez d’argent pour acheter des chaussures. Mais leurs yeux abritent une lueur de lumière qui les guide dans ces sombres conditions de vie.

Mon propre passé difficile

« J’ai commencé à photographier ces enfants en 2005 dans l’espoir de capturer leur âme en même temps que leur vie. Mais il y a autre chose qui m’a encouragé à présenter ce récit en images de la vie des enfants des rues : c’est mon propre passé difficile. Je me suis enfui de chez moi à l’âge de 11 ans et vécu une année dans les rues de Delhi avant qu’une ONG ne me prenne sous son aile et ne m’aide à réaliser mon rêve de devenir photographe. Ayant vécu cette vie, je comprends que sous toute la misère se cache une détermination à toute épreuve et un optimisme éclatant.

Je ne cherche pas à choquer le spectateur ou à le culpabiliser par l’exposition d’un tableau sombre et plein de désespoir. Au lieu de cette confrontation, j’ai essayé de dépeindre un monde difficile apaisé par le baume des espoirs d’un enfant.

Appel à l’aide pour que leurs rêves se réalisent

Un garçon qui regarde joyeusement les photos du journal, oubliant pour un instant ses dures conditions de vie ; deux filles négligées, complètement nues, jouant sur un quai de gare, une bande de garçons se baignant près des voies ferrées, un petit garçon se relaxant sous un viaduc : chaque image montre l’optimisme de ces enfants et leur souffle indéfectible malgré les cruelles péripéties de la vie.

En même temps, ce projet est aussi un appel à donner une chance à ces enfants, un appel à l’aide pour que leurs rêves se réalisent avant qu’ils ne soient étouffés. Ma propre histoire a connu une fin heureuse et je souhaite une vie tout aussi épanouissante à tous ces enfants. »

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Street Dreams : toutes les dimensions de la vie des enfants des rues

En 2007 Vicky Roy entreprend de photographier les enfants des rues de New Delhi. Street Dreams compte une trentaine de clichés en noir et blanc.

Comment est né le projet Street Dreams ?

L’idée de la série « Street Dreams » est née alors que je vivais dans un refuge de Salaam Baalak Trust. Quand j’ai commencé la photographie, je connaissais à peine le monde – juste ma maison… la maison du refuge. Et bien sûr, je manquais d’argent. J’ai donc décidé de commencer par un projet qui était tout à fait réalisable. J’ai donc choisi de photographier les enfants des rues de New Delhi.

On sent dans tes photos une grande proximité avec les enfants …

Oui et c’est cela qui a modelé ce travail. J’étais moi-même encore un enfant à l’époque ! Certains soirs clairs, je les emmenais à India Gate et au parc des enfants. Nous jouions ensemble. J’avais l’habitude de m’allonger dans la boue avec eux et de rire à gorge déployée, de manger la même nourriture qu’eux et de parler comme eux. Ils me faisaient confiance et me laissaient « tirer » comme je voulais. Lorsque je ne faisais plus qu’un avec eux, ils me voyaient comme faisant partie de leur clan.

Les enfants que tu as photographiés ont-ils vu les photos ?

Oui et les leur montrer faisait partie du projet à part entière. Les enfants des rues ont aussi leurs rêves. Ils veulent tous faire quelque chose de bien de leur vie. Le matin, en plus de devoir survivre à la lutte quotidienne de la vie dans la rue, ils vont à l’école. Le soir, on les trouve en train de vendre des ballons pour gagner un peu d’argent supplémentaire. C’est pourquoi il était tellement important pour moi de leur donner un aperçu de plus grandes possibilités. En 2007, mon travail a été montré au India Habitat Centre de New Delhi. Une exposition personnelle soutenue par le Haut-Commissariat britannique. Je les ai emmenés avec moi pour voir l’exposition. En se voyant sur les murs, ils se sont mis à rire avec excitation. Ce fût un grand accomplissement que d’entendre ces rires.

Tu verses une partie de tes recettes à Saalam Balaak Trust. Une façon de rendre ce que l’on t’a donné ?

Le SBT a changé ma vie…

Quels sont tes projets ?

Dès que le confinement sera levé en Inde, je compte poursuivre mon travail sur les jeux de plein air (Bachpan) en photographiant toujours plus d’enfants dans différentes parties de l’Inde.

www.vickyroy.in | contact : roy.vicky@yahoo.com | https://www.facebook.com/roy.vicky

Bachpan (2017 – en cours)

Le sujet de Vicky Roy est imprégné de la tranquillité saisissante d’un moment de plaisir trouvé en plein air. Intitulée Bachpan, cette collection de photographies candides examine la psychologie et les principes des jeux de l’enfance tels qu’ils sont pratiqués spécifiquement par les enfants défavorisés vivant dans les grandes villes indiennes. Ils ont un accès limité aux jouets et aux équipements, et il leur est demandé de partager leurs découvertes et leurs biens avec les autres enfants de la communauté.

Grandeur des communautés et logistique du jeu

Leur plus grande ressource est la compagnie d’autres enfants. D’ailleurs, Vicky Roy souligne que chacune de ses photographies représente des groupes d’enfants et non des portraits isolés. Elles illustrent à la fois la grandeur des communautés et la logistique du jeu. La série en cours a été réalisée dans les secteurs d’Odisha, de Jharkhand, de Chhattisgarh, de Rajasthan, de Delhi, de Maharashtra et du Bengale occidental.

Vicky Roy prévoit de poursuivre le projet Bachpan dès que le verrouillage national sera levé. Son intention est de capturer les variations subtiles du jeu de l’enfance dans le cadre de chaque état indien envisagé comme un décor. Il élargira ainsi pour la première fois le champ de son attention, tandis que ses travaux antérieurs se focalisaient sur un paysage, une ville ou un relief particulier.

Les jeunes protagonistes de Vicky Roy font preuve d’audace et d’assurance. Ils grimpent aux arbres pour tester leurs limites, se baignent dans des étangs pour des plaisirs simples et imaginent des activités avec d’humbles objets trouvés. Pour Vicky Roy, l’idylle de l’enfance est préservée par une culture de la curiosité plutôt que par l’accès aux ressources.

En capturant le cœur de l’innocence qui imprègne les expériences de l’enfance, les photographies de Vicky Roy manifestent une qualité expressionniste qui les rend émotionnellement souples et racontables, quel que soit le contexte.

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Travaux et expositions

2007

« Street Dream » (exposition personnelle)

A l’India Habitat Centre, avec le soutien du haut-commissariat britannique.

2008

Sélectionné par la Fondation Maybach (États-Unis), pour réaliser un reportage photo sur la reconstruction du World Trade Center à New York.

2013

Publication de sa monographie « Home Street Home » par la Fondation Nazar (New Delhi) à l’occasion de la deuxième édition du Delhi Photo Festival (sept-oct, 2013) ;

2014 

Reçoit la bourse du MIT pour les médias ;

2016

Figure dans la liste Forbes Asia « 30 under 30 » ;

2017

« This Scarred Land : New Mountainscape » (exposition personnelle)

A la Vadehra Art Gallery (New Delhi) ;

2018

Participe à la biennale FotoFest de Houston et à la biennale Muziris de Kochi ;

2019

« Scraping the Sky » (exposition personnelle) a été présentée à l’Asia Society Texas Centre ;

2021

Poursuite du projet Bachpan dès la levée du verrouillage sanitaire.

www.vickyroy.in | contact : roy.vicky@yahoo.com | https://www.facebook.com/roy.vicky